Le bien-être au travail se pense aussi hors les murs de l'entreprise
Des quartiers d'affaires qui font leur mue, des centres-villes qui redeviennent attractifs, des sièges sociaux qui s'ouvrent sur l'extérieur… Signe des temps, les entreprises corrèlent les espaces de travail à leur environnement bâti et naturel.
Par Julie Le Bolzer
Biodiversité, voies semi-publiques, îlots de fraîcheur… De nouveaux vocables s'invitent dans les chantiers immobiliers des entreprises et dans l'aménagement de leurs espaces de travail . « Alors que la connexion et l'efficacité logistique étaient les préoccupations centrales des projets de sièges sociaux et de sites industriels, l'intégration dans l'environnement bâti et naturel devient une demande prépondérante de la part de nos clients », observe Nicolas Ledoux. Le président en France d'Arcadis, entreprise d'ingénierie durable présente dans 70 pays, est à l'origine notamment la conception du « Parc », espace vert de 5 hectares sis à La Défense , et imaginé avec le paysagiste Michel Desvignes.
Ce changement de braquet sur la voie de locaux professionnels connectés à la nature et au reste du monde n'a rien d'anodin. « L'enjeu est de donner envie aux collaborateurs de revenir au bureau, ce que l'on n'avait jamais entendu avant le Covid-19 », glisse le dirigeant. Et d'ajouter que le bénéfice est double.
« A travers leurs choix d'aménagement, les entreprises améliorent la qualité de vie et les conditions de travail de leurs salariés, tout en servant leur image auprès de leurs propres clients », dit-il. Résultat, les implantations et relocalisations boudent « les quartiers d'affaires monofonctionnels et hyperartificialisés , au profit de la vraie ville où il y a du mouvement, des équipements, des commerces… »
Innovation et créativité
Si, par le passé, les services étaient intégrés au sein des immeubles, les transformant en campus tertiaires, avec certains commerces préemptés par les entreprises occupant ces espaces, la tendance est aux rues intérieures et boutiques accessibles à tous. A l'instar de ce qui est proposé au sein de L'Archipel, le nouveau siège de Vinci .
Une ouverture et des flux que l'on retrouve dans les nouvelles organisations des plateaux de travail. « Salles de réunion, de pause et de café ne sont plus au même endroit, mais disséminées, afin d'augmenter les interactions et les déplacements, en luttant au passage contre la sédentarité , le mal du siècle de l'entreprise qui est désormais rythmée par les calls et les visioconférences », indique Nicolas Ledoux.
Cette tendance n'est pas l'apanage des grands groupes. Ainsi, Arcadis a été sollicité pour le nouveau siège parisien de Vestiaire Collective , qui voit le brassage et la circulation comme « un facteur d'innovation et de créativité ». Côté aménagement, la licorne française spécialisée dans le luxe de seconde main a logiquement opté pour du mobilier chiné.
« Habitués au télétravail, les collaborateurs doivent retrouver au bureau une ambiance où ils se sentent bien… comme chez eux », résume Nicolas Ledoux, évoquant des options de décoration et d'aménagement inspirées des « guest house » et de l'hôtellerie, à grand renfort de petits salons, « lounges » et autres espaces détente. « A l'opposé des grands open spaces », résume-t-il.
Conduite du changement
Chaque projet semble donc guidé par des objectifs tant sociétaux qu'environnementaux. Par exemple, la proximité immédiate des transports vise à favoriser l'accès, donc la praticité pour les collaborateurs, tout en permettant de réduire l'empreinte carbone. Quant à la préférence pour des environnements végétalisés, il est tout autant question d'offrir des îlots de fraîcheur que de favoriser le retour de la biodiversité. Tels les oiseaux et les insectes qui ont fait leur retour à La Défense.
De facto, « ces projets reviennent plus cher au mètre carré », note Nicolas Ledoux. Mais cela est compensé par le fait que les organisations ont drastiquement réduit leurs surfaces en ces temps de télétravail et de flex office . « Surtout, elles sont prêtes à mettre le prix pour se rendre attractives auprès des talents et des clients », dit-il. D'autant que « derrière ces chantiers d'aménagement des espaces de travail se cachent le plus souvent des projets de conduite du changement de l'entreprise », conclut-il.
Julie Le Bolzer
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